Témoignages
Au sommaire
La nécessité de tout contrôler
« J’avais beaucoup travaillé là-dessus avec la psy – accepter de ne pas tout maîtriser, quelle horreur c’était pour moi ! Ça pourrissait mon rapport à mon corps, évidemment, mais aussi mon rapport au couple en général – parce que vivre en couple, c’est toujours prendre le risque de ne pas être seul maître du jeu. »
Caroline, 23 ans
La peur de l’âge adulte et les traumatismes de l’enfance
« Je fais trop l’enfant avec mon copain… je prends une petite voix, je fais des caprices, je demande du réconfort et lui m’appelle “bébé”. Bref, il prend le rôle de père protecteur que je n’ai pas eu et cela nuit à la sexualité car l’inconscient réalise la situation incestueuse… On ne peut pas faire l’amour à son père, donc on n’arrive pas à faire l’amour… »
Malika, 19 ans
« Moi, clairement, je ne veux pas grandir… pourquoi ? Je ne sais pas. Relations très difficiles avec mes parents, très “câlines” (pas d’attouchements, hein… mais comme dit ma psy, “vouloir qu’il y en ait”, c’est suffisant), pas assez d’intimité, trop de comportements câlins, exclusifs… »
Marjolaine, 22 ans
L’image de la sexualité
« En réfléchissant chez ma psy, je me suis dit qu’il y avait, parmi les facteurs possibles du vaginisme, une vision négative tout bonnement de la sexualité, pour la femme notamment. Je me souviens d’avoir toujours été plus ou moins gênée devant les scènes d’amour dans les films, par exemple, que je trouvais à tout le moins impudiques, voire “sales”. J’ai toujours été marquée par des récits un peu crus autour de la violence masculine vis-à-vis du sexe – pas du registre du viol, mais du registre du “baiser pour baiser”, pour le dire sans circonvolutions. Les images de la position “en levrette” suscitent chez moi un recul : j’en suis arrivée à la conclusion que je trouvais cette position humiliante pour la femme, “réifiée” pour le désir de l’homme. En termes de vocabulaire, j’en suis restée à “être pénétrée”, comme quelque chose de subi pour l’autre, pas pour mon propre plaisir. En fait, plus que l’idée “le sexe, c’est sale”, qui n’a jamais été prégnante réellement chez moi, c’est l’idée : “Le sexe, c’est pour les mecs, et les femmes n’y sont que des objets. »
Marie, 27 ans
La peur de la vie de couple
« Je suis retournée chez la psy une fois de plus, cette fois-ci pour parler spécifiquement sexe. En fait, je me retrouve à parler grossesse, accouchement, enfants… Tout ce qui me fait peur dans les conséquences de la pénétration, quoi. Et engagement, rapport homme-femme, liberté, crainte d’être “possédée”… Tout y passe sur ma vision des rapports homme-femme et la peur que cela ne bouffe ma vie, en gros. »
Halima, 18 ans
L’interdépendance des éléments explicatifs
« Personnellement, je suis en pleine réflexion avec ma psy. Voyez le raisonnement qu’on a eu :
– Ma belle-mère est étouffante, ne coupe pas le cordon avec son fils (mon copain), elle est souvent chez nous et lui va souvent chez elle. Ça m’a pourri la vie bien des fois, pas évident de trouver sa place (elle veut décider à ma place…).
– Ma mère m’a souvent rabaissée, les moments d’affection étaient très rares, aucunes félicitations, pas d’attention, bref, aujourd’hui, on ne communique pas vraiment toutes les deux. J’ai toujours eu l’impression d’être une “merde” à ses yeux même si, dans le fond, je sais qu’elle m’aime.
– Mon copain m’aime éperdument au point qu’il ne me le dit plus, tellement c’est une évidence ! Je me tue à lui dire que j’ai besoin d’affection, de caresses… donc il travaille là-dessus en ce moment… on va y arriver
– Et pour terminer, je me noie dans mon travail pour évacuer tous ces soucis, du coup, le soir, j’y pense encore, même à la maison, je me couche en pensant au travail, je suis tendue, stressée et pas ouverte au plaisir. Je suis fatiguée, et ma psy me dit que forcément, le sommeil étant très important pour le désir… enfin, que tout se rejoint. »
Betty, 35 ans
L’image du sexe féminin
« Une séance sur la vision que j’ai du sexe, je me retrouve en train de représenter… une paroi ! »
Anne, 21 ans
« Ma psy faisait elle-même à chaque séance un dessin du vagin. L’entrée, le col, les trompes, etc. Ensuite, elle tournait la page et c’était à moi de le faire, ce même dessin ! Impossible, je ne me rappelais déjà plus du tout du dessin qu’elle avait fait deux minutes avant ! Donc, je faisais un dessin avec l’entrée fermée et le col fermé. Et croyez-moi, ça a duré des mois ! Mon inconscient ne voulait pas voir mon vagin ouvert ! Ça m’a fait réaliser que, vraiment, je n’y étais pour rien, c’était en dehors de ma volonté. Le jour où j’ai réussi à faire ce dessin comme il le faut, j’étais heureuse ! Peu de temps après, elle m’a dit que j’étais guérie ! Le tout a duré peut-être un an. »
Esther, 38 ans
Témoignages divers
« Il m’a fallu passer par la psychothérapie avant d’envisager le travail physique, les exercices : j’avais de toute façon besoin de travailler “dans ma tête” sur ce que je voulais faire de mon couple, d’abord, notamment formuler mes grosses angoisses sur la grossesse et les enfants… C’était nécessaire pour m’approprier réellement le désir d’enfant, qui donne une dimension supplémentaire à l’envie de guérir. Mais en même temps, il fallait aussi que je travaille pour admettre que mon compagnon m’aime “pour moi” et pas “parce qu’il veut des enfants” (et que c’est bien parce qu’il m’aime qu’il veut des enfants avec moi…), et que la sexualité “complète”, avec pénétration, serait l’expression d’abord de notre amour, et pas seulement le “moyen de faire des gosses”. Bref, gros travail psychologique sur ça, puis sur la sexualité en elle-même, crûment : l’impression en fait de ne pas avoir de sexe, ma méconnaissance totale de mon anatomie… Une fois tout cela fait, stagner sur le plan concret est devenu insupportable et j’ai commencé les exos, voilà. J’ai admis qu’il fallait que j’apprivoise mon corps, que le réflexe de défense qui s’est installé pour “protéger” mon vagin est vain. »
Véronique, 38 ans
« Je pense que le gros avantage de la psy, c’est que ça permet de faire connaissance avec soi-même et avec ses conflits intérieurs. En effet, le problème d’une fille vaginique, c’est que généralement elle n’investit pas son vagin ou son corps. Elle ne se connaît pas et nie cette partie de son corps. Pourtant, les filles vaginiques ne sont pas frigides du tout, au contraire parfois ! Mais elles refusent ou elles se refusent à la sexualité et au plaisir de la pénétration. Faire connaissance avec soi-même, ça permet de mener sa vie en harmonie, d’évacuer les conflits internes (dont le vaginisme fait partie) et d’être mieux avec soi et les autres. Moi, la psy m’a permis de tout régler, le vaginisme, mon estime de soi, mes angoisses (je n’en ai plus !). Je suis à la fois la même et plus du tout la même. »
Ellena, 29 ans
« Moi, j’ai consulté trois psys : un psychiatre et un sexologue avant ma psy actuelle, qui est fantastique… Jusque-là, je n’avais vraiment pas l’impression que quoi que ce soit se passait. Là, je ne sais pas si c’est dû à elle, à moi qui suis prête, ou les deux, mais je ressens physiquement le travail psychologique… Je veux dire que j’en ai pleinement conscience, de l’avancée… et je ressens pleinement le bénéfice de cette psychothérapie. Alors ça ne fait que trois mois, c’est loin d’être fini, mais ça fait énormément de bien. Et elle, avant de la voir, je m’étais décidée : c’est elle et personne d’autre. Si on ne s’entend pas, tant pis, je ne lâche pas le morceau, j’en ai marre de ne pas en sortir. Et je ne regrette absolument pas ! »
Marjolaine, 22 ans